Masques et symbolique japonaise dans Demon Slayer (Kimetsu no Yaiba)

Masques et symbolique japonaise dans Demon Slayer (Kimetsu no Yaiba)

Avec la sortie récente du dernier film Demon Slayer : Kimetsu no Yaiba : la forteresse infinie, l’univers de Tanjiro et Nezuko fascine plus que jamais. Mais avez-vous remarqué l’importance de chaque détail visuel en lien avec la culture japonaise ? Les masques de kitsune portés par les disciples d’Urokodaki, les boucles d’oreille hanafuda de Tanjiro, les motifs géométriques sur les kimonos de Nezuko, Zenitsu ou Giyu… Rien n’est laissé au hasard.

Chaque symbole puise dans le folklore japonais et donne des indices sur le caractère, la destinée ou la fonction des personnages (et ça chez Konjaku, on adore). Dans cet article, on décrypte ces codes visuels pour que vous redécouvriez Demon Slayer avec un regard neuf. Parce qu’une fois que l’on comprend le langage des symboles japonais, on ne regarde plus l’anime de la même façon.
 

Sommaire

Folklore et symbolique japonaise : les codes cachés de Demon Slayer

Les Yōkai et Kami comme langage visuel

Le manga mobilise des symboles populaires que vous connaissez sûrement comme le renard d’Inari, le tengu des montagnes, les motifs wagara… pour donner, en un coup d’œil, des indices sur l’alignement, la vertu ou la destinée d’un personnage. Ce sont des raccourcis culturels utilisés par l’autrice Koyoharu Gotōge, qui « parlent » naturellement aux Japonais et qu’on peut apprendre à décoder, nous aussi.

Pourquoi comprendre ces symboles change la lecture de l’anime ?

Comprendre ces codes nous éclaire sur le caractère, sur la fonction narrative des personnages et même sur la construction de l’univers. 

Par exemple, et on en reparlera plus bas, le choix de la glycine pour repousser les démons n’est pas un choix botanique fait au hasard.

L’anime Kimetsu no yaiba ne se contente pas de montrer le Japon traditionnel, il le raconte par ses motifs et ses choix symboliques. Et c’est précisément ce qui rend l’œuvre si riche visuellement.

Les masques de Kitsune : la protection des élèves d’Urokodaki

Origine du Kitsune : messager d’Inari et gardien spirituel

Dans le shintō populaire, le renard kitsune est le messager d’Inari, kami du riz, de la prospérité et de la fertilité. On le retrouve sous forme de statues à l’entrée des sanctuaires Inari, où il veille et écarte le mal. Le kitsune peut être espiègle, certes, mais il demeure avant tout un gardien.

Cette fonction protectrice explique pourquoi le renard traverse les siècles comme un symbole ambivalent : yokaï farceur des légendes, il peut être considéré comme un démon ou un protecteur sacré.

Le masque de renard comme talisman pour les élèves d’Urokodaki

Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba - Sabito et Makomo portant leurs masques de kitsune - source Times of India

Dans la série, Sakonji Urokodaki sculpte des masques de kitsune pour ses élèves : ces fameux masques de conjuration, censés les protéger lors de la terrible Sélection Finale. Le choix du renard n’est pas neutre : en alignant le talisman sur la fonction gardienne du kitsune, Urokodaki crée un lien spirituel entre le maître et ses disciples.

Sabito et Makomo en portaient. Tanjiro reçoit le sien avant d’affronter les démons du mont Fujikasane. En plus d’être un accessoire distinctif, le masque devient alors une bénédiction, un fragment de l’esprit protecteur du maître gravé dans le bois.

Où ça apparaît dans l’anime ?

Les masques kitsune apparaissent dès l’épisode 3 de la saison 1, « Sabito et Makomo », portés par ces deux mystérieux élèves durant l’entraînement de Tanjiro. Puis c’est à l’épisode 4, « La Sélection finale », qu’Urokodaki remet solennellement à Tanjiro son propre masque protecteur.

Le masque Tengu d’Urokodaki : symbole du maître de la montagne

L’esprit du Tengu : la discipline des ermites des montagnes

Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba - le maître de Tanjiro Sakonji Urokodaki portant son masque de tengu - source We Are Playstation

Le masque que porte Urokodaki lui-même évoque le tengu, cette figure montagnarde complexe et fascinante du folklore japonais. 

Reconnaissable à son long nez, sa toque et parfois son éventail, le tengu est intimement lié aux yamabushi, ces ascètes du shugendō (une religion syncrétique mêlant bouddhisme et shintō) qui pratiquaient l’entraînement martial dans les montagnes sacrées.

Le tengu incarne donc l’ascèse, la discipline rigoureuse et, souvent, la transmission d’un savoir martial redoutable. C’est l’ermite sévère qui forge les héros dans la douleur et l’effort.

Du mythe à la pop culture : l’archétype du mentor sévère

Historiquement, le tengu a évolué. D’abord présenté comme un « voleur d’enfants » dans certaines légendes anciennes, il devient progressivement gardien des montagnes et maître d’armes mythique. On raconte même qu’un tengu aurait formé le légendaire guerrier Minamoto no Yoshitsune.

Cette transformation cadre parfaitement avec l’archétype du mentor exigeant, incarné par Urokodaki : distant, mystérieux, mais bienveillant au fond. Son masque de tengu annonce la couleur dès le premier regard.

Où ça apparaît dans l’anime ?

Le masque tengu d’Urokodaki fait sa première apparition à l’épisode 2, « Urokodaki Sakonji, le formateur », lors de la rencontre initiale entre Tanjiro et son futur maître sur le mont Sagiri. Le masque ne quittera presque jamais le visage du vieux maître.

Le masque Hyottoko du village des Forgerons : signification et lien au feu

Hyottoko : derrière la grimace, une divinité du foyer

Le hyottoko est ce masque au visage grimaçant, bouche de travers, œil plissé, qu’on voit traditionnellement dans les danses festives japonaises.

Mais derrière l’aspect comique se cache une dimension sacrée : dans certaines régions du nord-est du Japon, hyottoko est associé au dieu du feu, celui qui souffle dans le bambou pour attiser les flammes du foyer.

Pourquoi les forgerons du village caché cachent-ils leur visage avec ce masque ?

Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba - Hotaru Haganezuka, le forgeron susceptible de Tanjiro - source Manga ImperialDans l’univers de la série, les forgerons du village caché portent tous des masques de type hyottoko. Officiellement, c’est pour préserver le secret de leur identité et protéger leur lignée artisanale. 

Mais culturellement, le lien au feu colle parfaitement à leur métier : la forge, le charbon incandescent, la trempe de l’acier des lames Nichirin.

D'ailleurs, une des régions où les légendes liées à Hyottoko sont les plus présente est la préfecture d'Iwate (ancien nom Izumo), laquelle est historiquement liée aux mines de fer et d'or. C'est d'ailleurs dans cette région qu'on fabrique encore de nombreux articles en fonte, comme nos furin ou nos théières.

Hotaru Haganezuka, le forgeron explosif de Tanjiro, ne retire jamais son masque en public. C’est à la fois une contrainte narrative (mystère, anonymat) et un clin d’œil subtil à cette divinité du feu qui habite l’imaginaire populaire.

Où ça apparaît dans l’anime ?

Le masque hyottoko apparaît pour la première fois à l’épisode 5, « Chacun son acier », lorsque Hotaru Haganezuka débarque chez Urokodaki pour livrer la toute première lame de Tanjiro. La scène se situe juste après le briefing du Corbeau au manoir.

Les boucles d’oreilles Hanafuda de Tanjiro : héritage et soleil

Que sont les cartes Hanafuda ?

Jeu de cartes traditionnel Hanfuda, le jeu des fleurs — source : Tiandi

Les hanafuda (littéralement « cartes à fleurs ») sont un jeu de cartes traditionnel japonais composé de 12 suites correspondant aux 12 mois de l’année, chacune illustrée par une fleur ou une plante emblématique. 

Les dos des hanafuda sont traditionnellement unis, souvent rouges ou noirs. C’est le recto qui charme par ses illustrations délicates et poétiques.

Le motif solaire : l’héritage caché de la Respiration du Soleil

Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba — Tanjiro dans le premier épisode portant ses boucles d’oreilles de style Hanafuda avec le motif solaire

Les boucles d’oreille que porte Tanjiro évoquent un soleil stylisé, inspiré de l’iconographie des hanafuda. 

Dans la diégèse, ces boucles sont un bijou familial qui symbolisent la transmission d’une lignée liée au Hinokami Kagura, la danse du dieu du feu, et à la mystérieuse « respiration du soleil ».

Petite précision : contrairement à une idée reçue, le motif ne représente pas le dos d’une carte hanafuda (qui est uni), mais s’inspire du soleil illustré sur certaines cartes. Nuance importante pour les puristes !

Où ça apparaît dans l’anime ?

Les boucles d’oreille de Tanjiro sont visibles dès l’épisode 1, « Cruauté », dans la toute première scène chez lui, avant qu’il ne descende au village. Elles accompagneront le héros tout au long de son périple — et deviendront même un sujet de débat visuel, l’anime ayant ajusté légèrement le motif selon les marchés pour éviter certaines connotations historiques sensibles.

Motifs de Kimono (Wagara) : significations des tenues des personnages

Les wagara (motifs traditionnels japonais) sont des ornements qui ont tous une signification propre. Ils portent en eux des vœux, des protections, des messages codés. Demon Slayer l’a bien compris et habille chaque personnage avec soin en fonction de son rôle dans le manga.

Nezuko et l’Asanoha : symbole de croissance et de vigueur

Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba - Nezuko portant son kimono rose au motif Asanoha - source JapanFM

Le kimono de Nezuko est orné du motif Asanoha (麻の葉), littéralement « feuille de chanvre ». Cette géométrie en étoile à six branches symbolise la croissance rapide, la vigueur et la bonne santé. Historiquement, on l’utilisait pour les vêtements d’enfants, dans l’espoir qu’ils grandissent forts et robustes.

Pour Nezuko, transformée en démon, mais luttant pour conserver son humanité, ce motif résonne parfaitement : elle incarne la résilience, la croissance intérieure malgré l’adversité. Un choix graphique subtil et touchant.

Première apparition : Saison 1, épisode 1, dès la première scène familiale.

Zenitsu et l’Uroko : le triangle protecteur contre l’adversité

Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba - Zenitsu et son kimono jaune au motif Uroko - source demon-slayer.fr

Zenitsu Agatsuma porte le motif Uroko (鱗), ces triangles répétés qui évoquent des écailles de serpent ou de dragon. 

Dans la tradition japonaise, ce motif est un puissant talisman protecteur, autrefois porté par les samouraïs pour éloigner le mal et traverser les épreuves.

Ironique, non ? Zenitsu, ce pourfendeur de démons peureux et plaintif, porte un symbole de courage martial. Mais c’est justement toute sa dualité : sous la couardise apparente se cache une force fulgurante quand il s’évanouit. L’Uroko le protège malgré lui.

Première apparition : Saison 1, épisode 4, « La sélection finale », lors de son premier plan à la Sélection Finale.

Giyu Tomioka et le Bishamon-kikkō : protection & droiture

Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba - Giyu Tomioka et son kimono bicolore au motif Bishamon-kikkou - source : Game Rant

Le haori bicolore de Giyu Tomioka est l’un des plus emblématiques de la série. Sa moitié à motifs reprend le Bishamon-kikkō (毘沙門亀甲), une variation du motif kikkō (carapace de tortue) composée de triples hexagones imbriqués.

Ce motif est lié à Bishamonten, l’un des sept dieux de la fortune, divinité guerrière bouddhiste associée à la protection, la longévité et la force.

Ajoutez à cela la présence du kanji 義 (gi, droiture, justice) dans le prénom « Giyū » : tout est dit. Giyu incarne la protection des faibles, la rigueur morale et la solitude du justicier.

Première apparition : Saison 1, épisode 1, lors de son intervention salvatrice en forêt pour sauver Tanjiro et Nezuko.

La Glycine (Fuji) : entre noblesse historique et barrière anti-démons

Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba — Tanjiro portant son masque de kitsune entouré de Glycine tueuse de démon — source Newsmangas sur Pinterest

Au Japon, la glycine (fuji) est une fleur chargée d’histoire. Elle a orné les blasons (kamon) de grandes familles nobles, notamment les Fujiwara, qui ont dominé la cour impériale pendant des siècles. C’est un symbole de noblesse, de raffinement et d’élégance intemporelle.

Dans Demon Slayer, la glycine acquiert une dimension supplémentaire : elle repousse et affaiblit les démons. La barrière de glycines entourant le mont Fujikasane lors de la Sélection Finale emprisonne les créatures démoniaques et protège le monde extérieur. 

Où ça apparaît dans l’anime ?

La barrière de glycines apparaît à l’épisode 4, « La sélection finale », dès l’arrivée des candidats au mont Fujikasane, juste avant la tombée de la nuit.

Récapitulatif : quel symbole correspond à quel personnage ?

Voici un tableau synthétique pour repérer plus facilement les différents symboles japonais dans Demon Slayer :

Personnage/Élément

Symbole

Signification

Urokodaki & élèves

Masques kitsune

Talisman protecteur + filiation spirituelle au maître

Urokodaki (maître)

Masque tengu

Esprit de la montagne, transmission martiale rigoureuse

Forgerons du village

Masques hyottoko

Identité masquée + lien rituel au feu de la forge

Tanjiro

Boucles hanafuda

Motif solaire, héritage du Hinokami (respiration du soleil)

Nezuko

Motif Asanoha

Croissance, vigueur, résistance

Zenitsu

Motif Uroko

Protection, talisman contre l’adversité

Giyu Tomioka

Motif Bishamon-kikkō

Protection guerrière, « droiture »

Univers entier

Glycine (fuji)

Symbole de noblesse + barrière anti-démons


À retenir : l’importance des symboles japonais dans Kimetsu no Yaiba

Demon Slayer: Kimetsu no yaiba est une œuvre d’action non seulement spectaculaire, mais c’est aussi une lettre d’amour à la culture visuelle japonaise. Comprendre les symboles qui ponctuent l’univers de cet anime permet d’entrer dans une lecture plus profonde de l’œuvre. Envie d’incarner vos personnages préférés de la série Demon Slayer : Kimetsu no Yaiba ? Découvrez notre sélection d’articles de cosplay.

Glossaire

  • Asanoha (麻の葉) : Motif « feuille de chanvre » — croissance, robustesse. Souvent utilisé pour les vêtements d’enfants.
  • Ichimatsu (市松) : Motif en damier. Symbolise la continuation et la bonne fortune.
  • Uroko/Urokomon (鱗) : Motif triangulaire « écailles » — mue, protection contre le mal. Porté historiquement par les samouraïs.
  • Kikkō (亀甲)/Bishamon-kikkō (毘沙門亀甲) : Hexagones (carapace de tortue)/triple tortue — longévité, protection. Lié à Bishamonten.
  • Seigaiha (青海波) : Vagues stylisées — sérénité, bonne fortune. Motif très populaire dans l’art japonais.
  • Kitsune (狐) : Renard yōkai, messager d’Inari. Protecteur, mais ambivalent selon les contes.
  • Tengu (天狗) : Yōkai montagnard lié aux yamabushi (shugendō). Figure d’ascèse et de transmission martiale.
  • Hyottoko (ひょっとこ) : Masque comique associé au feu (souffleur), parfois considéré comme un esprit du foyer.
  • Kamon (家紋) : Blasons familiaux japonais. Exemple : le fuji (glycine) pour certaines familles nobles.
  • Hanafuda (花札) : Cartes à fleurs traditionnelles, 12 suites pour 12 mois. Les dos sont unis ; les boucles de Tanjiro s’inspirent de l’iconographie solaire sur les cartes.

Fabien Osmont
Fabien est le fondateur de Konjaku. Passionné du Japon depuis l'enfance, il profite de ses nombreux voyages au Japon pour en apprendre plus sur la culture de ce pays, pour ensuite la partager sur le blog de Konjaku, et sur la chaîne YouTube Konjaku_TV.

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