La poupée japonaise fabriquée en France avec Patrick Kokeshi

La poupée japonaise fabriquée en France avec Patrick Kokeshi

Patrick Kokeshi est un artisan français passionné par la culture et l’artisanat japonais. Il y a environ 15 ans, il s’est spécialisé dans la création de poupées japonaises traditionnelles appelées « kokeshi ». Patrick est aujourd’hui un artisan reconnu en France comme au Japon, où il a été invité à participer au concours annuel de fabrication de kokeshi, aux côtés de maîtres artisans japonais. Il a eu la gentillesse de nous consacrer un peu de son temps pour cette interview exclusive, où il nous raconte son parcours, sa passion pour les kokeshi et ses anecdotes sur le Japon.

La naissance d’une passion

Tout a commencé il y a près de 15 ans.
Patrick, un ancien dessinateur de BD et maquettiste, a reçu sa première kokeshi que son amie pâtissière, Yukiko, lui a envoyée pendant un voyage à Gifu. De ce souvenir naîtra sa passion pour la fabrication de ces poupées japonaises.

Le célèbre Totoro façon poupée japonaise en bois fabriquée par Patrick Kokeshi — Photo par Patrick KokeshiBricoleur passionné et motivé, Patrick apprend toutes les techniques en autodidacte, grâce à des ressources sur internet et des tutoriels vidéos.
Une fois les techniques de base maîtrisées, il a rapidement commencé à développer son propre style en ajoutant de la couleur et des motifs originaux à ses créations.

Daruma, kokeshi inspirées des formes traditionnelles ou créatives, figurines à l’effigie de personnages connus, tout y passe.
Ses kokeshi sosaku, ou kokeshi modernes, sont désormais très appréciés pour leur originalité et leur créativité.

La renommée des kokeshi françaises au Japon

La renommée de Patrick s’est construite avec les années.

Il y a 7 ans, ses poupées japonaises ont été exposées pour la première fois aux Jardins de Gaïa, à Wittisheim.
S’en est suivi la Japan Expo de Paris, le Aki Matsuri et la Japan Expo de Marseille.
Au fil des rencontres, bonnes comme mauvaises, les propositions d’expositions ont afflué.

L’année 2017 est marquée par la rencontre avec les propriétaires d’une boutique d’objets traditionnels japonais sur Marseille : la boutique Sakura Bento.

Rapidement, les figurines en bois peintes à la main gagnent en visibilité. À tel point qu’elles se font remarquer par le président de l’association des kokeshi du Japon.
Séduit par la beauté et la créativité des œuvres de Patrick Kokeshi, celui-ci lui propose de participer au concours annuel de kokeshi de 2018 organisé à Shiroishi au Japon.

La famille daruma réalisée par Patrick Kokeshi lauréate du prix de la banque lors du 61e concours national de Kokeshi au Japon — Photo par Patrick Kokeshi

Les délais très courts donnés à Patrick pour la réalisation de ses créations présentées au concours n’ont pas découragé l’artiste. Mieux encore, cela ne l’a pas empêché de gagner le prix du préfet, un des prix les plus prestigieux de la compétition.

Pour le concours, les poupées doivent être fabriquées de A à Z, et Patrick est le seul « gaijin » à suivre cette règle stricte. Les autres se concentrent uniquement sur la décoration et la peinture des figurines en bois.

Les poupées japonaises de @Patrick Kokeshi toujours exposées au Japon dans la vitrine des kokeshi gagnantes du concours annuel de Shiroishi — Photo par Patrick KokeshiD’ailleurs, si vous avez la chance de vous promener à la gare de Shiroishi, vous trouverez la kokeshi victorieuse dans le hall d’exposition de la gare.

En 2019, il rafle le prix de la banque régionale et entre dans le cercle très fermé des artisans et maîtres kokeshi du Japon.

En cherchant un peu sur internet, vous pouvez retrouver plusieurs passages de Patrick à la télé japonaise, y compris sur la célèbre chaîne d’information NHK.

Partenariats, immersion et maîtres kokeshi

Pour vous donner une idée, la renommée des poupées japonaises de Patrick Kokeshi au Japon est telle qu’il a été un des 3 seuls européens à avoir eu la chance d’intégrer le cercle très fermé des artisans japonais fabricants de kokeshi. Il a même été invité à la table des célébrités, avec le maire, le préfet et les maîtres artisans lors de la deuxième année du concours.

Après cette escapade japonaise enrichissante, et quelques expositions françaises, le président de l’association des kokeshi revient à la charge. Son nouveau projet : « prendre en formation un petit français qui sortait de son petit bled » sous condition d’un partenariat pour faire connaître la poupée kokeshi en France.

Poupée japonaise traditionnelle de style Yajiro fabriqué par Niiyama-san - Photo par Patrick KokeshiS’en est suivi trois mois au Japon pour apprendre le japonais à Sendai, en immersion totale dans une famille d’accueil attentionnée et chaleureuse à Ishinomaki. Le week-end, il apprenait la fabrication auprès du maître Niiyama Minoru lui-même, fabricant de kokeshi Yajiro traditionnelles, suivi de près par un journaliste.

À l’issue de cette immersion enrichissante, l’association lui propose de rester sur l’archipel, sous condition d’obtenir un visa, afin de devenir officiellement artisan au Japon. Mais les conditions climatiques et le Covid en ont décidé autrement…

Anecdotes et rencontres

Rencontres avec les maîtres artisans

Après le concours, il était possible de vendre les kokeshi. Les poupées kawaii du « frenchy » se vendaient comme des petits pains. Journalistes, artisans, politiques… tout le monde voulait rencontrer cet « outsider », lauréat de deux des prix les plus prestigieux du concours. Le nombre de demandes a été tellement important que l’artiste français a été obligé de refuser certaines rencontres.

Fort de son succès, la galerie Shin à Sendai lui demanda de faire un atelier de fabrication et de peinture de Kokeshi. Atelier de peinture auquel vous pouvez participer régulièrement chez Konjaku.

Pendant son périple nippon, Patrick a eu la chance de rencontrer de nombreux acteurs du monde de la kokeshi dont Takatoshi Hayashi et ses Ishinomaki kokeshi. Bien qu’il ne soit pas reconnu comme fabricant de kokeshi traditionnelles, ses figurines sont célèbres au Japon.

Tours à bois japonais vs tours à bois français

Tour japonais traditionnel pour la fabrication des kokeshi — Photo par Patrick KokeshiLe tour japonais est complètement différent du tour à bois français. Déjà, il n’y a pas de contre pointe. Ensuite, on est assis en face du tour. Les techniques doivent donc être adaptées et la prise en main est complètement différente.

Pour la petite anecdote, lors des premiers essais sur le tour à bois traditionnel, le maître et le journaliste se tenaient derrière Patrick. Ils le regardaient avec attention mettre le bois sur le tour et démarrer l’outil. Et « Boum » ! Le bois sautait, faisant marrer les deux Japonais.

Contrairement aux idées reçues, l’ambiance était très bonne enfant. Et après l’effort, le réconfort, l’atelier était équipé de petit frigo à bière pour se rafraîchir après une dure journée de travail.

Au Japon, l’artisan fabrique sa kokeshi de A à Z, depuis le choix et la taille du bois, jusqu’à la vente en passant par le forgeage des outils, la sculpture et la peinture. Il est impensable au Japon d’acheter son bois pour fabriquer sa kokeshi. Les artisans vont couper directement ce dont ils ont besoin en forêt et pratiquent la coupe durable.

Les secrets du village de Yajiro Kokeshi

À Shiroishi, la ville des kokeshi Yajiro, vous pouvez retrouver le vrai musée officiel de la kokeshi. Vous y trouverez bien entendu les expositions et la boutique, mais aussi les ateliers loués par les artisans équipés d’un vrai tour à bois japonais.

Quelques conseils pour les débutants

Petite poupée japonaise en bois d’érable peinte à la main par Patrick Kokeshi — Photo par Patrick KokeshiSi vous souhaitez vous lancer dans la fabrication des poupées traditionnelles japonaises, voici quelques conseils donnés par Patrick Kokeshi.

Premièrement, si vous souhaitez vous renseigner sur les kokeshi, allez chercher des sources sérieuses. Des sites comme Kokeshiwiki.com sont des ressources parfaites pour commencer. Bien qu’en japonais, ces sites peuvent être facilement traduits par les moteurs de recherche pour en comprendre l’essentiel.

Vous pouvez aussi aller chercher des contenus vidéos. Le mieux est encore d’écrire kokeshi en japonais (marquez こけし sur YouTube).
Les sites officiels de la ville de Shiroishi et du musée de la kokeshi sont aussi des ressources où vous pouvez retrouver des informations intéressantes.

Sur le site de Konjaku, nous vous proposons également un article sur la kokeshi, son histoire et sa fabrication, dont les informations sont tirées de ces sources sérieuses. Comme ça, vous n’avez pas besoin de les traduire.

Instagram de Patrick Kokeshi avec l’ensemble de ses créations et poupées japonaises — Photo par Patrick KokeshiEt bien sûr, rien ne remplace l’expérience et les tests. Essayez, ajustez et recommencez. Ce genre de travail artisanal s’acquiert avec l’expérience. La fabrication de kokeshi est un art qui nécessite beaucoup de patience et de savoir-faire. N’abandonnez pas !

Encore merci à Patrick d’avoir pris le temps de nous partager sa passion et son parcours d’artiste à artisan. Les créations uniques et créatives de Patrick Kokeshi méritent d’être découvertes, alors n’hésitez pas à consulter sa page Facebook. Vous y retrouverez ses plus belles pièces et ses dernières créations.
Et si ça vous dit de découvrir la fabrication des kokeshi à ses côtés, vous pouvez vous inscrire à un atelier organisé chez Konjaku.

Retouvez ces produits dans la boutique


    Commentaires

    Soyez le premier à poster un commentaire !

    Ajouter votre commentaire

    Identifiez vous pour poster un commentaire.

    © 2024 Konjaku · Tous droits réservés.