• Ukiyo-e : l’art de l’estampe japonaise traditionnelle

    Ukiyo-e : l’art de l’estampe japonaise traditionnelle


  • Ukiyo-e : l’art de l’estampe japonaise traditionnelle
    Ukiyo-e : l’art de l’estampe japonaise traditionnelle
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    Ukiyo-e : l’art de l’estampe japonaise traditionnelle
D’après certains écrits, l’art de l'ukiyo-e (浮世絵), la réalisation d’estampes japonaises par gravure sur bois, aurait été développé il y a plusieurs siècles pour la création de talismans. Mais c’est au XVIIe siècle, sous l’ère Edo que cet artisanat connaît son heure de gloire. Pendant cette période restrictive, très isolationniste, les artistes vont peindre différentes scènes et plaisirs de la vie quotidienne. De la technique aux plus grands maîtres en passant par les différents styles et représentations, on vous en dit un peu, voir beaucoup plus, sur cet art traditionnel japonais.




Définition de l’ukiyo-e, les “images du monde flottant”

Définition de l’ukiyo-e, les “images du monde flottant”

La signification profonde du terme Ukiyo est mélancolie. Mais on le traduit plutôt aujourd’hui par “image du monde flottant”, en référence au monde des hommes et à ses plaisirs. Cependant, il n’est pas rare de voir des représentations plus surnaturelles comme celles des yôkaï, des dieux et des démons.

D’après les écrits historiques, l’art de l’estampe japonaise trouverait son origine chez l’artiste Hishikawa Moronobu (1618-1694). Mais certains experts pensent que ses origines seraient en fait beaucoup plus anciennes. En effet, des talismans de temple appelé ofuda étaient fabriqués grâce aux mêmes procédés d’impression et de gravure que l’ukiyo-e.

Dans l’histoire de l’art japonais, les premières illustrations de type ukiyo-e étaient initialement des dessins sur papier washi. Mais à cause de la forte demande en estampes pendant la période Edo (1603-1868), il s’est transformé en mouvement artistique intégrant à la fois le dessin, la gravure sur bois et l’impression polychromatique.

Dans le passé, au moins 4 artisans étaient nécessaires pour créer une estampe :

  • Le premier appelé “eshi” est l’artiste, qui s'occupait du design à l’encre de Chine.
  • Le second, le graveur (horishi), s'occupait de la sculpture des blocs de bois nécessaires à la pose des couleurs.
  • Le troisième, l'imprimeur (surishi), s'occupait de l’impression.
  • Enfin, l’éditeur (hanmoto), s’occupait de publier les œuvres et de leur distribution.

Aujourd'hui, le nombre d’artisans réalisant une estampe est plus réduit. L’équipe se limite souvent à un peintre et un graveur qui s’occupe aussi de la pose de couleur et de l’édition.


Technique de l’estampe japonaise

Technique de l’estampe japonaise

L’illustration est d’abord dessinée à l’encre de Chine et au pinceau par l’artiste.

Vient ensuite la gravure sur bois, aussi appelée xylographie. Cette technique consiste à faire ressortir le dessin par relief, à la manière des tampons. À chaque support sculpté correspond une couleur spécifique. Il faut en moyenne 20 blocs de couleur pour créer une estampe traditionnelle.

La pose des couleurs est réalisée par l’imprimeur. Initialement, les estampes étaient uniquement en noir et blanc. Puis vers 1660, elles furent alors rehaussées d'une couleur orangée à la demande de la population, lassée des vieux modèles. Sont arrivés ensuite le rouge, puis le noir laqué. Les estampes polychromes ne virent le jour que vers 1765 grâce à l’artiste Suzuki Harunobu.

Pour réaliser l’impression, l’artisan place une feuille de papier washi imbibée d’une solution qui facilite l’adhérence des pigments, le dôsa, sur une des plaques gravées. La feuille de papier respecte un alignement très strict, le hento, grâce à des repères qui permettent de reporter le motif sur chaque bloc en bois. Il applique ensuite chaque couleur grâce à un outil appelé baren.

baren

Les effets de perspectives qui caractérisent l’ukiyo-e, s’obtiennent grâce à deux techniques de pose de pigment :

  • Le bokashi, qui consiste à appliquer les différents gradients de couleur dans un certain ordre
  • Le karazuri, qui est obtenu en réalisant une sorte de gaufrage : le papier est pressé sur le bloc de bois sculpté, ce qui laisse des zones sans couleurs.

Mieux que des mots, on vous propose une très belle vidéo tirée des ateliers de la Place Aoyama au Japon.


Les différents styles du mouvement ukiyo-e

Les différents styles du mouvement ukiyo-e

L’art de l’estampe traditionnelle

À travers les époques, les objectifs des estampes ont évolué. Les Japonais se servaient initialement de ce support pour faire de la publicité, en particulier pour les maisons closes, la mode et les cosmétiques. C’est d’ailleurs à cette fin que les courtisanes étaient surreprésentées dans les estampes bijin-ga de la période Edo.

Vinrent ensuite les estampes décoratives et représentatives. L’ukiyo-e traditionnel se caractérise par sa représentation du moment présent. Des compositions reflétant la vie quotidienne de l’époque, mais aussi des paysages. Rien de mieux qu’une citation du “père fondateur” de l’estampe japonaise pour comprendre la philosophie de cet art graphique.

« Vivre uniquement le moment présent, se livrer tout entier à la contemplation de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier et de la feuille d'érable... ne pas se laisser abattre par la pauvreté et ne pas la laisser transparaître sur son visage, mais dériver comme une calebasse sur la rivière, c'est ce qui s'appelle ukiyo.»

           Asai Ryoi, Les Contes du monde flottant.


Fan’Art et estampes contemporaines

Au fil des années, l’art ukiyo-e s’est peu à peu essoufflé. Mais il perdure avec la nouvelle génération d’artistes qui détourne la tradition pour faire des œuvres beaucoup plus contemporaines.

C’est le cas de Jed Henry, un illustrateur américain et Dave Bull, un passionné d’artisanat japonais. Dave sculpte, imprime et édite lui-même les œuvres de jeunes artistes depuis plus de 25 ans à Tokyo. À eux deux, ils créent le projet Ukiyo-e Heroes qui reprend les grands classiques du jeu vidéo et de la pop culture sous forme d’estampes traditionnelles japonaises.

Ce projet est un vrai message d’amour, à la fois à la contribution du Japon au milieu du jeu vidéo, mais aussi à la tradition de l’impression sur blocs de bois. En effet, les ventes d’estampes Fan’art ont permis à David d’ouvrir un atelier dans lequel il forme une toute nouvelle génération à l’art de la gravure sur bois.


Les Shunga : illustrations de l’érotisme japonais

Les Japonais ont un rapport à la nudité et au sexe très différents des Occidentaux. En effet, celle-ci n’a jamais été bridée par les religions. Tant que la bienséance est respectée, la représentation du plaisir charnel et de la sexualité n’est qu’une illustration des arts de l'existence. Il n’est donc pas étonnant que ces images sexuelles aient eu un fort succès pendant la période Edo.

Ces estampes érotiques, les Shunga ou “images de printemps”, n’étaient pas réservées à une classe d’élite. Toute la population y avait accès. Et tous les auteurs, aussi bien les inconnus que les grands maîtres comme Utamaro et Hokusai, comptent dans leurs œuvres une série de Shunga.

Les Shunga makura-e (images d’oreiller) étaient offerts aux jeunes mariés comme “initiation” aux pratiques sexuelles. Certains pensent que c’est notamment dans ce but éducatif que les organes sexuels étaient dessinés de manière démesurée.

Dans les Shunga, les plaisirs masculins et féminins sont respectés. On retrouve différentes représentations plutôt classiques comme un homme et une femme se donnant du plaisir mutuellement, des couples homosexuels, du voyeurisme, différentes positions, parfois acrobatiques, mais aussi des représentations plus oniriques avec des yokaï ou des animaux.

Interdites par le shogunat pendant la première moitié du XIXe siècle, certains Shunga devinrent des objets politiques. Les warai-e (images pour rire) étaient humoristiques. Plus que des images, ces petites estampes faisaient office de satires contre le shogunat et ses réformes strictes.

Même s’ils sont à la base du porno japonais actuel, le hentai, les Shunga sont aujourd’hui beaucoup moins assumés par le Japon. Les principaux collectionneurs de ces œuvres sont principalement des Occidentaux.


Les grands maîtres de l’estampe japonaise

Les grands maîtres de l’estampe japonaise

Hokusai et ses estampes du mont Fuji

Katsushika Hokusai est très certainement le plus grand maître de l'art des estampes japonaises. Autoproclamé “vieux fou de la peinture”, son œuvre a inspiré de grands peintres occidentaux comme Monet ou Van Gogh.

Malgré des débuts difficiles, Hokusai connaît le succès vers 1795, notamment grâce à une série d’estampes en feuilles séparées appelées surimono.

C’est aussi le père fondateur du manga ! En 1812, il publie 15 recueils d’illustrations issues de ses carnets de croquis. Toutes ses représentations de l’Homme ou de la nature sont imprimées en noir, gris et rose et classées par thèmes. Une encyclopédie de la vie et des paysages de l’époque.

Vers 1831, Hokusai peaufine sa technique et réalise une de ses œuvres les plus connues : la série d'estampes Fugaku Sanjūrokkei ou Trente-six vues du mont Fuji. Cette série est reconnaissable par l’utilisation du bleu de Prusse, très à la mode à l’époque. C’est de ce recueil qu’est issue la célèbre Grande Vague de Kanagawa.

La grande vague de Kanagawa est sans doute l'œuvre d’art japonaise la plus connue dans le monde. Œuvre maîtresse du courant du japonisme, la vague de Kanagawa à été propulsée sur le devant de la scène occidentale dès le 19e siècle. Sa renommée est telle qu’elle sera même représentée sur les nouveaux billets de 1,000 yens.

À sa mort, Hokusai aura laissé derrière lui plus de 30 000 dessins. Son rôle dans le rayonnement de la culture japonaise à l’internationale est tel, qu’un musée est entièrement dédié à son œuvre à Tokyo, le musée Sumida Hokusai Museum.


Hiroshige et ses Cents Vues Célèbres D’Edo

Avec plus de 5400 estampes, Hiroshige est sans conteste un des plus grands artistes dans le domaine de l’Ukiyo-e. Maître dans l’art de représenter les paysages japonais, sa plus grande œuvre s’intitule Les cinquante-trois stations du Tôkaidô (1832). Cette série de 55 (parfois 56)  estampes représente des scènes de vie et paysages se situant sur la route du Tôkaidô. Cette route célèbre reliait la capitale du shôgun, Edo, à Kyoto, la ville de l’Empereur. Il a existé en réalité plusieurs versions de cette série, certaines estampes proposant des variations d'une étape particulière selon les saisons, ou suivant le point de vue.
L'édition Hôeidô est la plus connue. C'est de celle-ci que sont tirées les estampes que nous proposons à la vente. L'édition Sanoki reprend les scènes en s'intéressant plus aux personnages intervenant dans les scénettes, qu'à la nature elle-même. L'édition Reisho (occasionnellement nommée également Marusei) est connue pour la richesse de ses couleurs et une approche plus réaliste des représentations.

Hiroshige est aussi connu pour son œuvre “Les cents vues d’Edo”, hommage à sa ville natale. Forte de son succès, cette série comptera finalement 120 illustrations. Il réalisa d'autres séries dont une qui devrait faire écho aux amateurs de pop-culture : l'histoire des 47 rônins.

La popularité de ses œuvres a perduré au fil des siècles. Déjà très célèbres à son époque, ses œuvres se vendent aujourd’hui plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d’euros.


Kuniyoshi, le démon de l’estampe

Utagawa Kuniyoshi (1797-1861) est un maître de l’estampe moins connu en occident que ces deux prédécesseurs. Artiste pendant la période du Tempo, une période frappée par les maladies et les guerres, il se démarque de ses pairs par ses caricatures.

Son art, plutôt sarcastique, est principalement connu pour ses ukiyo-e d’animaux comiques à la forme humaine et ses représentations de guerriers. Grand amoureux des chats, on les retrouve souvent représentés dans les œuvres de l’artiste Kuniyoshi. Sa série de gravures sur bois, la plus connue et qui fera son succès : les “Cent huit héros du conte La Marge de l’Eau”, dont l'histoire servit de base à la série télévisée "les chevaliers aux 108 étoiles" diffusée en France, en 1977.


Autres grands maîtres de l’estampe japonaise

Il existe bien entendu d’autres très grands artistes maîtres dans l’art de l’ukiyo-e. Mais pour des raisons évidentes de longueurs d’articles, nous nous arrêterons aux prochains artistes cités.

Autre figure phare du mouvement Ukiyo-e, Harunobo Suzuki est célèbre pour ses “100 beautés” compilées par Andrew Forbes et David Henly. Cette œuvre résume très bien les deux forces de l’artiste : les estampes de femmes et la représentation de la beauté.

Sharaku Toshusai est particulièrement connu pour ses portraits d’acteurs kabuki. Le plus célèbre étant “Ôtani Oniji III dans Yakko Edobei” qui a été détourné dans de très nombreuses opérations marketing.


Représentations du Japon traditionnel au travers de l’Ukiyo-e

Représentations du Japon traditionnel au travers de l’Ukiyo-e

La première utilité des estampes ukiyo-e est la représentation des moments de la vie quotidienne des Japonais. Plus particulièrement celle de la nouvelle bourgeoisie et des marchands. Capter le moment présent grâce à une composition poétique et dynamique constitue l’essence même de cet art. On y retrouve aussi beaucoup de représentations d’acteurs de kabuki, de figures féminines portant les derniers kimonos à la mode de l’époque ou encore des portraits de célébrités.

Un des meilleurs moyens de comprendre la culture culinaire japonaise et son histoire est de regarder ses représentations au travers des estampes. Depuis l’époque Edo, les illustrations des plats traditionnels comme les soba ou les tempuras sont nombreuses. En effet, la nourriture fait partie des nombreux plaisirs représentés dans les ukiyo-e.

Démocratisés par Hokusai, les paysages, mais aussi la faune et la flore japonaises, sont aussi beaucoup représentés dans les estampes.

Les estampes japonaises servent aujourd’hui pour diverses formes de représentations. Par exemple, la compagnie de chemin de fer Seibu Railway a dédié en 2016, toute une série d’estampes représentant les règles de vie à adopter dans leurs trains.

 

Autre exemple, le célèbre jeu vidéo Okami développé par Capcom et Clover Studio. Le jeu a été totalement désigné pour rappeler les techniques de l’estampe japonaise. Ce choix de réalisation artistique lui a d’ailleurs valu de nombreux prix.

Exemple beaucoup plus occidental, “La Vague” a servi à l’élaboration du logo d’une célèbre marque d’équipement de surf et de snowboard en 1970.

Si vous souhaitez voir des collections d’estampes japonaises ou des reproductions, de nombreuses expositions ont lieu régulièrement partout en France. Le Musée Guimet et le musée Cernuschi, tous deux situés à Paris, sont exclusivement réservés aux arts asiatiques. Ils possèdent de nombreuses estampes intéressantes pour les amateurs. Vous pouvez aussi acquérir de très belles reproductions des plus grandes œuvres de l’ukiyo-e et des tirages sur papier washi des estampes fan’art sur notre site, que vous pourrez encadrer et installer chez vous, pour donner un élégant effet nippon à votre intérieur.


La sélection Konjaku d'estampes japonaises


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